vendredi 27 décembre 2013

Soyons désinvoltes, n’ayons l’air de rien



J’avais rangé les CDs dans un coin de ma bibliothèque iTunes, rangé le sujet dans un coin de ma tête, rangé la poésie des paroles dans le fond de ma mémoire.
Et puis récemment… 

- Une main innocente a programmé iTunes en lecture aléatoire faisant sortir les fantômes du placard : l’Homme Pressé a fait écho à ma vie actuelle et m’a transposé 15 ans plus tôt. J’étais en 5ème, j’allais au collège en vélo, et je chantais « FN souffrance » sans savoir à quel point je croirai en ces paroles une fois ma conscience politique un peu plus affutée. C’était l’époque de 666.667 club, et déjà une chanson appelait A [mon] étoile.
- Quelques accords de guitare ont mis en abimes une poésie retrouvée : sur les ondes radio la voix de Cantat répond désormais au nom de Détroit.
- La rengaine s’est faite persistance, comme s’il fallait que j’affronte le sujet, et j’ai sorti de mes cartons de CD bien cachés en bas de mon placard Des visages des figures que l’amour de ma vie (de l’époque) m’avait gravé. J’ai reconnu son écriture sur le disque doré. J’étais en première. La France avait son groupe de Rock depuis déjà une quinzaine d’années. Un peu déchainé, un peu à brute, un peu à vif. Mais de la poésie, et une façon de faire la musique au service de paroles au service de la musique au service de paroles au service de… (On m’a appris récemment que ce n’était pas rien). Je rentrais dans l’âge des premiers vrais concerts, et je commençais à guetter le moment où j’allais pouvoir moi aussi pogotter sur Tostaky et jouer la petite rebelle que je me plaisais à imaginer être à l’époque. 

Sauf que 2003 est passé par là. Et d’un coup d’un seul c’est toute une génération désinvolte à l’air de rien qui a découvert la ville de Vilnuis. 

Il existe dans la discographie de Noir Désir quelques pépites qui ont trouvé un écho dans la petite junky de l’amour passionnel que je suis. Le talent pour chanter l’amour à la folie, pour donner aux femmes une place centrale. Mais quand la poésie rejoint le fait divers… C’était il ya 10 ans, et la Femme en moi sait qu’elle ne "pardonnera" pas.

Alors qu’est-ce qu’il en reste ? 
Des positions, des idées, des textes. Peut-être nous faudrait-il plus souvent dire tout haut à certaines personnes que « si nous sommes tous embarqués sur la même planète, nous ne sommes décidément pas du même monde » (Victoire de la musique 2002 – Discours de Bertrand Cantat adressé à JM Messier alors président de Vivendi Universal, distributeur du groupe). 
Des concerts caritatifs et revendicateurs entre les 2 tours en 2002 ou contre le baillonage en règle par la nouvelle élue Catherine Mégret en 1997 à la mairie de Vitrolles, du « sous-marin », lieu de rassemblement de l’opposition. A la veille de 2014, à quelques mois des municipales en France, on regrette l’absence de groupes du genre pour nous rappeler qu'on peut être en profond désaccord politique sans pour autant oublier où est la vraie m€#de.

Il en reste aussi un gout amer. 


Le groupe s’est dissout en novembre 2010. Chacun des membres a fait parler son talent vers d’autres projets de toute façon depuis plusieurs années. Et depuis quelques mois la voix et la poésie de Cantat sont à nouveau disponibles. J'ai choisi de ne rien en penser(et c'est pas rien de le dire).

J’ai fondé une partie de ma conscience politique et de ma culture artistique avec un groupe qui a bercé les années 80, 90 et tout début 2000 de trésors de poésie et de musique. 

Mais je ne verrai jamais Noir Désir en concert. 

Je ne verrai jamais Marie Trintignant sur la scène d’un Théâtre non plus… 
Et c’est certainement là le plus important.

Une femme meurt tous les 2 jours en France en 2013 suite à des coups portés par son (ou sa?) conjoint(e) (4 ou 5 fois plus que les hommes, inégalité quand tu nous tiens). Il en aura fallu 19 à Bertrand Cantat dont 4 au visage en 2003. Je n’ai pas d’autre conclusion. Et croyez bien que ça m’attriste, me heurte.

xxx
 
Cet article ne se veut en rien l’apologie de Noir Désir ou au contraire un plaidoyer pour faire taire Bertrand Cantat. Je ne connais que trop mal le talent de Marie Trintignant. Je m’attache plus ici à évoquer un sujet qui me touche pour lequel je n’ai ni conclusion ni idée arrêtée. Juste l’envie de partager quelques réflexions. Comme pour déculpabiliser une écoute ces derniers temps d’une musique qui fait drôlement écho au monde dans lequel je vis mais que j’avais néanmoins soigneusement rangée et mise de côté en signe de déception.


1 commentaire:

Rosa a dit…

C'est vrai que c'est délicat je trouve! Je me retrouve beaucoup dans ce que tu as écris!
Et j'ai aussi le cd grave par ton amoureux de l'époque ;-)

Et quand j'étais petite je chantais " au sombrero"... Plus tard en réécoutant la chanson j'ai découvert,qu'il n'était,pas question de chapeau :-P mon côté blonde!!