mardi 24 juin 2014

Pourquoi j'aime la coupe du Monde ?

Et ouais, c'est comme ça, on peut passer ses lundis soirs devant M6, et ses vendredis devant TF1 sans même avoir besoin d'amis pour motiver la chose, tout ça par ce que y a la France qui met 5 (ou 6, ou 5)-2 à la Suisse (festival !!).

(Texte écrit le vendredi 20/06/2014... Par ce que j'aime bien, mais je fais autre chose en même temps quand même...)

Nantaise d’origine, je peux vous dire qu'après être revenu en L1 cette année, "on" a fait un bon début de saison avant de fléchir après la trêve de Noël et de finir dans "le milieu" du tableau (Canaries forever).
Je connais les règles du hors-jeu, sais dire si  la faute fait coup franc ou penalty, sais ce qu'est une reprise de volée...
Mais à priori on ne dirait pas...
Là, comme ça...
En me voyant dans mon quotidien.

Un jour par hasard, alors que je discutais avec un de mes collègues j'ai sorti un truc du genre "mais de façon y avait hors-jeu non ?". Et là le blanc. J'avais surement dit une connerie !? Ou pas...
Sa réponse à été de me demander si j'avais trouvé un mec.
Soupir d’exaspération.
Et de même il y a quelques jours, alors que je rentrais dans le bureau des développeurs (ma boite fait des logiciels, avec des gens qui font du code, tout ça tout ça), haut-lieu du débriefe de l'ensemble des matchs du weekend tous les lundi matin (seul moment de la semaine où je suis sure de les trouver TOUS là), l'un d'eux m'a regardé et m'a dit "l'Allemagne, en 82, ça te parle à toi ?". Bon, c'est la période de la coupe du Monde, ça parlait ÉVIDEMMENT foot, alors j'ai dit "quoi? L'Allemagne, en 82, la demi-finale?". Et là re-belotte : blanc.
"Non mais sérieux t'as un mec en fait ?".

Soyons clairs (on est entre nous), je n'suis pas trop neuneu et les règles ne sont pas trop compliquées. On t'explique une fois, tu comprends, tu regardes 2 matchs, et puis c'est plié.
Dans ma famille on suit le foot, j'ai une pas trop mauvaise mémoire, et l'histoire Schumacher / Battiston je l'ai entendu quelques fois dans les repas de famille. (J'avoue avoir du faire appel à l'ami wikipédia pour retrouver les noms). N'en déplaise donc à certains de mes collègues, je me suffis à moi même pour ce qui est de ma connaissance footballistique (et d'autres choses aussi).

En revanche, je ne connais pas les joueurs.
Le côté "pleureuse" des starlettes en short m’insupporte.
Et puis le star system, les salaires indécents, les mecs de 25 ans millionnaires pour avoir couru 90 minutes et posé en slip sur un arrêt de bus, le racisme ambiant et la vulgarité de certains supporteurs, l'équipe de 2010 et sa grève du bus (non mais sérieux quoi....), les mecs qui sont des exemples pour tout un tas de gamins mais qui ne veulent pas courir, et j'en passe.
A choisir je préfère le rugby : des mecs, des vrais, qui vont chercher le contact et ont pour objectif de faire avancer un ballon sans jamais le lancer vers l'avant. C'est quand même un peu plus subtile quand on y pense... (oui je connais aussi les règles du rugby, du basketball, du handball... Et après certains disent que je ne suis pas sportive !).

Mais ce que j'aime bien dans le foot, c'est son côté universel. Demandez à tous les gamins du monde, il suffit de 4 pulls et un ballon pour jouer le plus grand des matchs. Sur n'importe quelle surface, quel que soit la taille du ballon. Rien n'est plus simple finalement.
Baladez vous quelques temps en Amérique du sud et vous verrez qu'on peut faire pousser des terrains (ou espaces vides avec 4 poteaux) un peu n'importe où.
Et pendant la coupe du Monde, j'aime cette unité nationale. Si rare. Surtout ces derniers temps...
Le temps de quelques jours, surtout si les joueurs ont décidés de jouer et même de marquer des buts, il y a comme une ferveur, comme un état d'esprit positif. Et le positif il faut le prendre. On a envie d'y croire, on sauterait presque dans les bras de son voisin, quelque soit son sexe, son age, sa couleur, ses choix amoureux ou de vie, qu'on le connaisse ou pas, le temps d'un but, d'une célébration. On est chauvin, de mauvaise-foi aussi. Ça fait parti du jeu... Et aussi citoyenne du Monde que je me plais à vouloir être, je pense qu'il est bon parfois de savoir revendiquer d'où l'on est... Si ça peut être tous ensemble avec la même fierté que son voisin.
Promenez vous sur les boulevards parisiens, vers Château d'Eau, un soir de match de la côte d'Ivoire, croyez moi, pour l'avoir vécue, vous aurez envie de prendre dans vos bras des gens bien français mais qui se sont rappelées à leurs origines plus ou moins loitaines, le temps de perdre face à la Colombie. Les mêmes boulevards, la veille, et la France réussie le pari d'être Belge et Algérienne. Et en ce vendredi soir, j'ai la quasi certitude que tous ces mêmes supportes sont pourtant bien Français.
Ce n'est que du foot, mais fichtre, ça fait du bien !
En 1998, j'avais 14 ans. J'ai fêté la victoire et les 3-0 des Bleus en Corse, qui en ce 12 juillet était peut-être "Corse avant tout", mais néanmoins bien Française. C'était la France en Black-Blanc-Beurre. On y a cru à ces gamins des cités qui faisaient la fête avec les CRS. On a fini par déchanter. Mais ça fait du bien d'y croire encore un peu, à nouveau.

Vous êtes 23 mecs en shorts, un staff, un sélectionneur, et le temps d'un petit mois je pense que vous êtes bien moins payés que le reste du temps dans vos clubs respectifs. Mais le temps d'un petit mois vous avez le pouvoir de nous donner l'envie d'y croire. Vous avez le pouvoir de réunir, d'unifier. Vous avez la possibilité d'être pour de vrai, les supers héros que vous pensez parfois être du bas de vos voitures de sport.

J'aime la coupe du Monde quand les Bleus descendent du bus et vont marquer des buts. J'en oublie presque  les sommes colossales dépensées quand on tire la langue et crie famine un peu partout dans le monde, et parfois à 2 mètres des stades, les conditions de travail de ceux qui ont remis en état et construit les infrastructures, les indigènes délogés, la destruction de certaines favelas. Le temps d'un instant je choisis de voir un pays (le mien) uni devant un groupe de joueur qui partagent quelques pas de Samba.
J'n'en suis pas forcément fière.

Mais ça fait du bien.

xxx

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