jeudi 24 avril 2014

Mademoiselle Coco

Il y a peu, sur France 3, passait en rediffusion le film Coco avant Chanel, réalisé par Anne Fontaine et sorti au cinéma en France le 22 avril 2009. Le rôle principal, celui de Gabrielle "Coco" Chanel y est tenu par Audrey Tautou.
Ce film, c'est l'histoire d'une femme qui dit des choses du genre j'ai toujours su que je ne me marierai jamais, mais parfois j'oublie. Une femme qui perd l'amour de sa vie trop tôt (Boy Capel  - décédé dans un accident de voiture en 1919), et peut être même avant sa mort en le laissant en épouser une autre. Une femme trouble, exigeante, qui se noiera dans le travail et vivra des passions qui ne l'emporteront plus jamais vraiment (terrible paradoxe). Une femme indépendante à une époque où l'on en attendait pas tant. Une femme que ses intimes appelleront Mademoiselle et qui reprendra ceux qui s'y tromperaient : "Pas Madamane, non, Mademoiselle".

Indépendamment des critiques sur le film, il m'a remis en mémoire un Edito D'Alix Girod de l'Ain paru dans la bible le magazine ELLE.

Rappel des faits : nous sommes en 2011, et un certain nombre de têtes d'affiches du féminisme revendiquent la suppression du statut de "Mademoiselle" dans les documents administratifs.

L'edito en question  : 
C’est l’histoire de plein de dames qui veulent la peau d’une demoiselle... Lorsqu’un collectif d’associations féministes, dont Osez le féminisme ! et les Chiennes de garde, a lancé sa campagne « Mademoiselle, la case en trop », exigeant la suppression de ce terme sur les documents administratifs, on a d’abord cru à un gag. C’était si urgent que ça, si grave, si discriminant pour les femmes, vraiment ? Seulement voilà, depuis, sur Internet, le buzz est devenu vrombissement et la pauvre mademoiselle voit fondre un escadron de guerrières bien décidées à lui régler son sort. Mais ça va pas la tête ? Sexiste, condescendant, insultant même, le terme « mademoiselle » ? Moins bien que « madame », quoi qu’il en soit ? Ça signifierait que, pour ces féministes-là, c’est mieux d’être officiellement casée, plus respectable ? Ça signifierait que mon arrière-grand-mère qui disait à ses filles « mariez-vous d’abord, vous déciderez de ce que vous voulez faire de vos vies après » était une grande figure de la cause des femmes ? Blague à part, dans l’esprit comme dans la lettre, est-ce qu’on n’est pas en train de faire tout à l’envers ? Il faut défendre mademoiselle parce qu’elle est libre, parce qu’elle ne dépend pas d’un homme, parce qu’elle a plein d’enfants (depuis 2007, plus d’une naissance sur deux est hors mariage) et parce qu’elle s’en fout des cases. 
Il faut défendre mademoiselle parce que Mademoiselle Jeanne Moreau, Mademoiselle Catherine Deneuve et Mademoiselle Isabelle Adjani. Il faut défendre mademoiselle parce que quand le marchand de primeurs de la rue Cadet m’appelle comme ça, je ne suis pas dupe, mais je sens que je vais avoir droit à mon basilic gratuit. Il faut défendre « mad-moi-zell’ » parce qu’elle est « chaarmante », la supprimer serait porter un coup fatal aux loulous qui nous interpellent sur les trottoirs : comment on va faire, si ça devient illégal de se faire draguer dans la rue ? Il faut défendre mademoiselle parce que ma fille de 18 ans, avec ses boucles blondes et ses joues roses, n’a pas du tout, du tout, une tête de madame. A la limite, si on doit changer quelque chose sur les formulaires administratifs, il faudrait rajouter une case : « Pcsse ». Mariées ou pas, jeunes ou vieilles, ce qu’il faut revendiquer, c’est notre droit inaliénable à être des princesses.

En le relisant, je me suis plongée dans les commentaires laissés alors, et peut être même encore. Ces commentaires qui disent que "franchement elle n'a rien compris et elle joue le jeu d'une société machiste en disant ce genre d’âneries notre amie Alix".
Intéressant... Par ce qu'à l'époque je me souviens m'être dit que j'étais plutôt bien d'accord avec elle  :
- Des combats y en a tellement d'autres à mener sur l'égalité
- Madame Richard, c'est ma mère...
- Princesse, oui, évidemment !
Photo Douglas Kirkland
- Et à choisir, quitte à chercher l'égalité, j'aurais moi plus penché pour qu'on nous offre le statut de monsiau, l'équivalent de mademoiselle au masculin. En tous cas je n'aurais pas aimé qu'on supprime le titre de mademoiselle.

Pourquoi ?
Par ce que Mademoiselle Chanel, par exemple !


L'article m'avait fait sourire, et je n'aurais pas imaginé qu'on puisse le prendre au premier degré. J'veux dire : évidemment l'égalité homme/femme est un vrai sujet, évidemment toute discrimination est condamnable, mais sérieusement, se faire appeler Mademoiselle, est-ce à ce point un problème ?
Le second degré n'est malheureusement pas une vertu innée.
Et au-delà de ça,  j'en suis venue à me poser cette question : finalement moi, qui m'insurge ré-gu-liè-re-ment contre le petit machisme (et machiste) du quotidien, qui regarde droit dans les yeux les gros re-lous qui viendraient à me siffler dans la rue par ce que "oh, tu crois quoi ?"... Suis-je féministe ? Ou conditionnée par une société qui ne me ferait pas voir les vrais combats ?

Le plus troublant peut être est que cette question, et j'y reviendrai, c'est pas la première fois que j'me la pose...

Alors voilà, un post en guise d'introduction, vers une introspection :  
Féministe... Moi ?

xxx

Aucun commentaire: