dimanche 6 avril 2014

Le poids des mots

L'autre jour, alors que je refermais ma boite aux lettres vide, j'ai réalisé qu'elle l'est de plus en plus souvent (vide). Pensez : quand elle ne l'est pas, c'est à 80% du temps pour une facture, un avis de prélèvement bancaire ou quelque chose du genre. Et, dématérialisation oblige, même cela se fait de plus en plus rare, préférant l'économie du papier en passant par le numérique.

J'en étais là dans ma réflexion quand j'ai commencé à monter les escaliers. Le temps que j'arrive à mon étage j'avais qui plus est réalisé que finalement, même les emails en fait, j'en reçois quasiment plus. Je veux dire, un vrai email perso, avec des nouvelles. Pas un truc de boulot, ça en revanche c'est bon, merci (une petite centaine tous les jours dans les "bons" jours, près de 150 dans les mauvais). Pas une invitation à une vente privée ou un emailing de réduction. Pas un email de "notification" pour me dire que j'ai un nouveau pote linkedin ou une actu sur ma page facebook. Et pourtant, des amis un peu à droite à gauche, des gens que je vois trop peu, de la famille un peu dispersée, j'ai de quoi faire !

Je fais partie des quelques derniers résistants qui envoient des cartes de vœux (des vrais, qui font bosser les facteurs et payer des timbres) le premier janvier, avec des vrais petits mots dedans. Régulièrement, pour un peu toutes les occasions je me fends d'une cartounette. Au boulot je sème des post-it un peu partout quand je veux laisser un message à mes collègues très occupés (pas des tout jaune fluos mais des perso avec des petits dessins). Et pourtant, même moi je perds le fil et souvent me contente de regarder ce que mes "contacts" postent sur facebook pour en imaginer leur vie : un tag sur la photo d'une soirée, une musique partagée, une vidéo de chat... Et woilà, j'ai l'impression d'avoir tout compris ?

Je suis bien placée pour savoir que c'est faux, ayant moi-même une grande tendance à romancer les choses dans mes petits écrits bloguesques, rares postes que je mets sur FB.
Je ne dis pas que je le fais bien, mais écrire fait partie des choses que je fais le mieux je pense. C'est par l'écrit que je peux structurer ma pensée, donner du sens, de la logique, définir un "angle d'attaque", retenir les choses... La sempiternelle recherche du mot juste exposée par Fauve dans une chanson qui résonne pas mal pour moi "cock music / smart music". Essayer d'attraper les syllabes à la volée pour en faire des bougies qui éclairent.
Et moi même, malgré tout, malgré cette recherche épiphanique, je me contente d'un vide que l'on appel les "réseaux socios", de quelques sms envoyés de ci de là pour partager dans l'instantanéité une pensée, de messages laissés sur des répondeurs, etc.

Alors oui parfois, je rêve d'un temps inconnu où l'on s'échangeait des correspondances de plusieurs pages, où l'on se languissait en attendant les réponses. Rien n'était instantané. Les mots étaient pesés, réfléchis, relus avant d'être envoyés. Ou pas. Certaines correspondances à vifs, à chaud sont parfois d'autant plus fortes qu'elles ne sont pas trop réfléchies. Mais en tous cas les lettres reçues portaient de vraies nouvelles. Et de vrais attentions : l'attention de celui ou celle qui prend le temps de vous écrire, de penser à vous.
Les mots étaient des cadeaux.

Derrière les mots ou les écrits se cachent la parole, l'échange, les contacts.
Le réel, le vrai, la justesse, pour transpercer les brouillards que peuvent créer nos émotions.
Et paradoxalement... savoir se jouer des mots et leur justesse peut être le meilleur bouclier pour contrôler l'image que l'on renvoie.

J'en fais l'apprentissage un peu plus tous les jours.
Et en attendant...
Jour et nuit, je traque les épiphanies...

xxx





3 commentaires:

Rosa a dit…

Tu sais, tu es la seule à m'envoyer une carte de bonne année je crois... et jamais je t'y réponds (oui la honte)!! Mais chaque année, je l'attends avec plaisir!

Pour ma part, j'envoie toujours un petit mot lors de nos vacances. C'est à ce moment là que je prends plaisir à le faire!

Et comme toi, j'aime écrire (avec plein de fautes!), cela me fait du bien. Cela m'aide aussi dans les moments plus difficiles d'ailleurs!

Aline - La Homemade Box a dit…

Moi aussi, j'aime la "vraie correspondance" par lettres, j'adore sentir ma plume glisser sur le papier.
D'ailleurs, à l'heure où certains écrivains écrivent sur leur pc ou tablette, moi, je reste fidèle à mes papiers et mon crayon! (je suis pas vraiment écrivain, cela dit lol).

Sinon, grâce aux rencontres que je fais sur des forums ou grâce à mon blog, je reçois et j'envoie de temps en temps des mails où nous nous racontions nos vies et j'adore ça!

Prochainement, je compte me mettre à la recherche d'une NSP. =)

Illyria a dit…

Très juste article, tout se dématérialise, tout se simplifie, l'âme se perd, c'est bien triste... J'aime beaucoup envoyer des cartes, mais les gens n'en envoient pas en retour, alors ça ne donne plus envie de le faire :(