samedi 1 mars 2014

Homesick (part III, épisode 2) : The End

On en était là, à parler des aborigènes que je n'ai finalement que très peu vus. Ceux du centre ville de Sydney ravagés par l'alcool. Ceux qui font le folklore dans les villes en jouant du didgeridoo, des peintures sur le visage. Ceux du centre qui vivent  en tribus. Ceux qui vivent d'artisanat dans les villes et villages que l'on traverse.
L'histoire des aborigènes est une vraie blessure pour l'Australie. Une blessure qui se raconte dans le joli film "The Rabbit Proof Fence", où comment jusqu'à il ya encore une petite cinquantaine d'année (voir même moins), le gouvernement australien décidait de "placer" des enfants aborigènes dans des familles blanches ou des "missions chrétiennes" pour mettre en pratique humaine le concept d'assimilation. Une blessure qui remonte à l'époque où James Cook mit pied à Terre sur ce continent et déclara cette terre "sans maitre" : Terra Nullius. Privant ainsi les habitants de l'époque de leur propriété (notion bien de chez nous), les britanniques construisirent cette colonie. Il fallait vider les prisons et peupler une terre immense que d'autres colonisateurs (la France, la Hollande, ...) auraient pu convoiter.
Ne rentrons pas ici dans un cours de civilisation / Histoire. Mais disons que cette blessure continue encore de diviser et que les actes pour la reconnaissance de l'héritage aborigène sont toujours nécessaires.


L'Australie fait cohabiter ce qu'elle a de plus paradoxale : une Histoire d'à peine un petit paragraphe dans le grand livre de l'humanité quand on prend 1770 comme point de départ, et une Histoire ancestrale pleine de légendes et d'histoires si on écoute ce qui bat en son centre, dans son cœur.

Mes quelques rares rencontres aborigènes m'ont apportés de nouvelle croyance. J'ai grandit dans une éducation athée et tolérante, avec quelques intolérances pour la religion. Mais en Australie j'ai appris à croire en une mère supérieure. Mother Earth... Mère nature. Les villes australiennes sont propres, le tri sélectif aussi naturel que peut l'être ici d'aller acheter une baguette de pain, ou la bas, de jeter son mégot dans les poubelles. Le pays doit vivre avec des sécheresses continues depuis des années et parfois des ouragans, des tempêtes tropicales et des inondations faisant entrer dans les villes crocodiles et autres joyeusetés. Un paradoxe gagné grâce à son immensité : du climat tempéré au climat tropical en passant par des zones désertiques. Outre son climat l'Australie compte une faune pas toujours très accueillante : araignées parmi les plus venimeuses, serpents, crocodiles, méduses toxiques... Bref apprivoiser la nature, l'écouter, la comprendre n'ont finalement jamais eu autant de sens que là bas.


 

Mais parler de l'Australie c'est compliqué. Je l'ai déjà dit, ce pays est contradictoire, paradoxal. Et c'est peut être pour ça que je m'y suis reconnu. 

Le soleil, les plages, le surf, la nature, les vagues, les buildings, ... Et les australiens ! A longueur de journée là bas j'entendais "no worries mate!". Et voilà comment j'ai appris le no worries way of life. Vivre au jour le jour (le manque d'argent aide à ne pas trop se projeter, tout comme les rencontres et départs incessants dans ce pays aussi fermé aux étrangers qu'il ne peut s'en passer), lever les yeux vers le ciel, admirer des nuages qui profitent d'un horizon infini pour susciter l'imagination sur des formes improbables, compter les étoiles (ma première étoile filante je l'ai vu là bas), écouter les vagues, traverser les villes de part en part, affronter les problèmes comme des étapes tout ce qu'il ya de surmontable, accepter les contre temps, partir d'aprioris positifs sur les gens. Je vous rassure, il ya aussi des gros cons en Australie. Des gens bien racistes, bien chauvins aussi. Mais j'y ai appris que d'une façon générale, la vie est belle. Tout est une question de point de vue, de là où on la regarde !

Il nous faut conclure (je ne ferai pas de cinquième poste promis après j’arrête!).

Alors en musique. Par ce que l'Australie c'est là où j'ai rencontré Missy Higgins (la voix d'un ange), John Buttler Trio (les dread, les guitares), The Waifs (un air de country australienne derrière eux), The Cat Empire (un peu de ska, funk, rock), Bernard Fanning (folk australienne pure et dure)... Et Xavier Rudd : l'homme orchestre capable de jouer guitare, percussions, harmonica, didgeridoo, le tout avec des paroles qui viennent de la bas. Une espèce de vent de positif, d'espoir, d'histoire, comme si appartenir à la terre était finalement un cadeau d'une puissance assez dingue. Un bien précieux cadeau.

 

Le titre de cet (ces) post(s) étai(en)t Homesick. Le mal du pays.
Partir en Australie fut une espèce d'épreuve assez dingue : j'étais jeune et j'avais besoin de me faire violence. Une fois sur place j'ai grandi beaucoup. Et puis je suis rentrée (plus de visa), et j'ai compris que le plus dur n'est pas nécessairement de partir. Il a fallu accepter l'idée que si l'herbe est plus verte ailleurs, elle n'est pas si mal ici.

Ce blog je l'ai ouvert en partant au Canada en 2009. Du Canada aussi j'en suis rentrée. Et quand on me demande si j'envisage de repartir, je ne suis plus sure de savoir quoi dire. Oui ?  Non ? Plus Tard ? Tant qu'on est heureux là où on est ? Le monde est un endroit très vaste qui nous laisse tout un tas de possibilités. L'Australie reste toujours comme cette parenthèse de tous les possibles. C'était il ya 10 ans (presque). Et les souvenirs sont bien précieux.
La France a ses charmes, indéniables, Paris est une ville assez fascinante. Mais parfois l'horizon y est assez absent, caché derrière des barres d'immeubles de 6 étages. Le ciel une trame gris/bleutée qui se découpe entre les limites urbaines.

Les limites, beaucoup de limites que l'on se met soit même pour repartir, pour rester, le doute de faire le mauvais choix, de passer à côté de quelque chose...

Et parfois, pas toujours mais de temps en temps, au fond de moi... J'ai le mal du pays, mais je ne sais pas du quel.

xxx

PS: Comme une bouteille à la mer, si on se connaissait déjà il ya 8, 9 ans et que tu recevais mes histoires australiennes dans ta boite email (pas de blog à cette époque là), si tu as toujours ces emails (on ne sait jamais), tu ne peux pas imaginer comme tu me ferais plaisir si tu pouvais me les transmettre (par ce que moi depuis j'ai changé d'adresse email et je les ai perdus) !


  

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