dimanche 23 février 2014

Fauve ≠

Complètement à côté. Je suis passée complètement au travers.

fauves CorpFauve ≠ est un collectif travaillant aussi bien sur la musique, la vidéo, la photo, les textes...
Fauve ≠ est un phénomène lancé en 2010 qui a commencé à se faire connaître en 2011 par les réseaux sociaux.
Fauve ≠ est un collectif ouvert de 5 membres permanents et de copains qui gravitent autour avec leur talent, d'où le nom de label Fauve Corp.
Fauve ≠ fait du spoken word (sorte de poésie accompagnée souvent de musique, danse, théâtre etc ; et se concentrant essentiellement sur la dynamique de ton, les intonations, gestes accompagnant l’élocution...)
(wikipédia est mon ami)

Fauve ≠ a sorti en ce début d'année la première partie de leur album Vieux Frères (la suite courant 2014).
Au détour d'une sortie sur i-tunes (Je télécharge oui, mais légalement ! Faites vivre les artistes, la culture n'a pas de prix, la culture est l'avenir, la culture fait partie des bases de la démocratie, tout ça tout ça...) j'ai cliqué sur la pochette par curiosité. J'avais entendu un bout d'une interview qu'ils avaient donné au magazine Alcaline sur France 2. Le nom m'était resté dans un coin de mémoire (on parlait d'un "phénomène", d'un truc un peu foufou dont je n'avais aucune idée, ça m'a intrigué), ressorti là, par hasard, alors que je cherchais tout autre chose : les derniers albums de valeurs sures à la guitare sèche et au piano bien accordé.
Un peu dans le speed, j'ai cliqué sur "acheter" sans trop en entendre. J'ai fini de charger mon ipod, attrapé mon sac. C'était samedi. C'était hier. Je devais traverser Paris en une heure de temps, le bus ne m'attendrait pas éternellement.

Voilà, jusqu'à hier 15h, j'étais passée complètement au travers d'un phénomène que ma génération a très certainement suivis de beaucoup plus près que moi.

Mais en ce samedi, alors que je mettais la musique en marche dans mes oreilles, comme une routine immuable (impossible de quitter mon appart sans musique) j'ai plongé tête baissée dans un univers que, par nature, je n'aurais pas imaginé mien.

On parle ici d'une musique plus proche d'un flow de mots que d'une mélodie.
On parle de texte en fait. Et en ça, finalement, on n'est pas si loin. L'éternelle recherche du mot juste littéraire et ici poussée à son paroxysme musical.
Alors ne cherchez pas à y échapper, Fauve ≠ s'écoute. Vraiment. Pas là, comme ça, alors qu'on fait autre chose. Non, on y est. Fauve ≠ vous prend par la main et vous embarque dans une sorte de lyrisme engagé, révolté, cruel, réaliste, nuancé par des grandes touches d'optimismes et des envolées positives.
J'étais peut être dans les meilleures dispositions possibles pour écouter ce premier album : dans un bus seulement à moitié rempli, assise, le nez à la fenêtre et les yeux vers cette ville qui me fascine et dont le collectif est originaire, un samedi après-midi avec pour seul objectif de me laisser conduire d'un point A à un point B pendant 40 minutes.
J'étais toute ouïe. Et je suis, depuis plusieurs semaines, d'une humeur que je peux dorénavant qualifier de fauvienne : engagée, révoltée, avec une vision du monde cruelle, réaliste, en recherche un peu désespérée de grandes touches d'optimismes et d'envolées positives.
Les dispositions étaient parfaites.
Et la rencontre s'est faite.

Je retiens principalement Voyous, RAG #3, Loterie. Et puis Jeunesse talking blues ou De ceux. Et puis Tunnel.
Bref un peu tous les morceaux en fait... Mais très certainement peut être même un peu plus cette histoire d'Infirmière, qui se poursuit dans lettre à Zoé.

"C'est beau les plaines,
C'est beau le mois de juin,
C'était beau hier,
C'était beau ce matin,
C'est beau les filles quand les choses sont douces,
Sans violence ni dépit j'avais failli oublier depuis le temps.
Cette nuit à côté de toi c'était comme du lait, comme du coton qui m'a enveloppé de nulle part.
Si on me l'avait dit j'y aurait pas cru,
Alors j'me repasse le film en continu.
Les images de la veille se superposent au détail du wagon,
Elles flottent devant mes yeux comme sur la houle.

[..]

Et moi qui croyait que j'étais pas comme il fallait.
Qu'il fallait que j'tire une croix, qu'tu voulais plus, qu'tu voulais pas.
J'me suis perdu, j'ai bu la tasse, pour les bras d'une infirmière, j'me suis conduis comme une crasse.

Et moi qui croyait que j'étais pas comme il fallait.
Qu'il fallait que j'tire une croix, qu'tu voulais plus, qu'tu voulais pas.
Mais si tu m'jure, que tout ça c'est du passé,
Alors d'accord on tire un trait, on r'commence à s'apprivoiser."

La claque a été assez inattendue. Mais bien réelle. Voilà. Il y aurait presque quelque chose d'Anaud Le Guilcher dans tout ça... En moins drôle, en moins ironique, en plus réel.
Fauve ≠ s'écoute un peu partout. Et si vous tendez l'oreille je suis sure que vous ne passerez pas à côté.
Je leur souhaite que le petit monde médiatico parisien ne les pourrisse pas tout de suite d'un trop d'éloges bien pensants. Leur succès est mérité. Mais pas uniquement par ce que ça fait bien de le dire pour qu'on s'en lasse trop vite.
Il ya du fond dans ces textes, leurs textes. Vraiment.


xxx


  

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