samedi 25 janvier 2014

En moins bien... Pas mieux (Arnaud Le Guilcher)

Arnaud Le Guilcher, c'est un mec qui n'a pas sa page sur wikipédia et du quel, de mes recherches Internet je n'ai appris que peu de choses. Anciennement dans la musique, en tous cas dans l'écriture, c'est le genre de mec qui, à priori, griffonne de ci de là quelques idées, quelques textes, et parfois, sur base de son histoire personnelle, arrive à remettre tout ça dans l'ordre pour en faire des histoires.

OK, jusque là... Bah ça m'parle.

Arnaud Le Guilcher2009, son premier livre sort : En moins bien.
Je l'ai trouvé par hasard en faisant les boutiques un samedi de 2011. Posé là négligemment c'est complètement sans attente que je l'ai ouvert quelques semaines plus tard... Et malheureusement reposé trop vite quelques jours après... après l'avoir dévoré.

C'est un livre qui n'a l'air de rien, mais pour lequel l'auteur nous raconte l'histoire de sa rupture (de lui, de son énorme looser de héro, on ne sait plus trop), se met dans des situations complètement improbables, et ajuste son style sur un ton ironico/cynique qui, et bah oui, me parle ! Les phrases sont courtes, l'écriture est vive, le ton est juste. Le livre se lit vite vite vite, beaucoup trop vite, et comme dans toutes ces histoires où l'on frôle le too much de temps en temps, on se demande comment l'auteur va finir ce triple salto et retomber sur ses pieds. Il le fait. Dans un style qui est à lui, un peu loin de quelques conventions mais pas complètement à côté non plus. Pas l'histoire ni le livre du siècle, mais un très chouette moment de tournage de page.

2011, il publia la suite : Pas mieux.
Je l'avais repéré, et puis oublié... La tête prise dans d'autres romans. Et là, depuis quelques semaines, je suis bloquée dans une histoire chiante comme la pluie ! En fait non, l'histoire est pas mal, le concept j'aime bien, mais on se perd dans des milliards de détails qui me font finir des pages en me disant que je n'en n'ai rien retenu.
Arnaud Le GuilcherBref, besoin d'air littéraire. Alors au milieu d'une ballade entre les livres de la librairie de Paris place de Clichy (où, au passage celui que je pense être le boss semble être un énorme abruti, du genre qui dit à ses clients de se renseigner au près des gens à l’accueil qui sont déjà débordés quand lui n'a rien à faire que se balader, oui c'est comme ça, il fallait que je le dise), je l'ai repéré (le bouquin), je l'ai choisi, et je l'ai rapporté avec moi. Je l'ai ouvert, et en 3 jours, je pliais cette histoire qui m'a fait grand grand bien. J'ai ri. J'attendais les (rares) moments où j'allais retrouver mon bouquin planqué dans mon sac... Et je me suis demandé une fois encore comment l'auteur allait retomber sur ses pieds.

Par ce que voilà : j'adore ces histoires de héros looser qui réussissent à mettre en humour, en second, troisième, quatrième degrés les quelques milliers de merdouilles qui leur tombent dessus (de la plus petite à la plus majeure).

Monsieur le Guilcher j'ai tendance à croire que vous avez pris plaisir à partager ces petites histoires. Et que les dernières lignes de Pas Mieux pourraient presque nous emporter vers un troisième opus...

Même si je viens de découvrir qu'est sorti en 2013 Pile entre deux, votre troisième livre qui n'a rien à voir.

Affaire à suivre donc.

xxx


Extrait de En moins bien - Arnaud Le Guilcher


- Je marque à mort -

Je marque à mort. On me touche, j'ai un hématome. Je me cogne et vlan, un bleu. Dans le cœur c'est pareil, je marque à mort. Un cœur brisé plein de bleus, c'est mon cœur à moi. C'est pas de la faïence, c'est autre chose. J'ai plus tellement envie. J'ai plus envie du tout même, pour être honnête. Tout ça me pèse, mais peser c'est autre chose, alors...

Elle est où Emma ? Elle est partie.

T'es où ? C'est qui, qui te fait l'amour ? C'est qui ? C'est comment les bras des autres ? C'est plus chaud ou moins chaud ? C'est plus fort ? Moins fort ? C'est comment ? Ils te tirent les cheveux, parfois ? Tu leur dis "Je t'aime" à l'oreille, aussi ? Tu dis quoi ? Et à qui ? Et quand ? Et où ? Ça me donne le vertige tout ça, c'est trop haut pour moi.

La vache...

C'est dur quand même.

Je pourrais faire sans toi. C'est sûr. Je peux me mentir assez longtemps. Mentir, je sais faire. Ne pas penser à toi, c'est autre chose. Je suis mort, putain, tu te rends compte ? Je suis mort... Toutes ces expériences pour en arriver là... Tout ça pour ça. C'est fou. Mort et vivant. A la fois. C'est barjot. C'est des coups à pas renaître. Mais renaître c'est autre chose.

Alors...

T'es où, Emma. T'es où ?

Je t'en veux pas de tout ça. S'en vouloir, c'est autre chose. J'aimerais juste savoir comment tu vas, comment tu te sens et si tu es bien dans tes pompes. Je reprendrais bien un peu de quotidien. J'aimerais te voir te laver. T'entendre fredonner l'infredonnable, toutes tes chansons pourries, faire tes imitations à la con et rire. Rire. C'est ça. C'était bien ça.

Une vie sans toi, ça risque d'être un peu long. Pas beaucoup plus qu'une éternité, mais pas beaucoup moins non plus. Ceci dit, la vie c'est autre chose. Alors...

C'est moche. Tout ça, c'est moche. J'ai une sacrée envie de poser les gants et de dire stop. Ça a la gueule d'une complainte, tout ça. Faut pas m'en vouloir. Je marque à mort. A mort.

C'est dingue d'être aussi triste. J'ai pas de talent pour le malheur. Pour le bonheur non plus, peut-être. J'ai pas eu le talent de te garder. J'ai pas su. Mais je pensais pas en baver comme ça un jour. Je trouve que ça fait beaucoup d'un coup. L'amour ? Nous deux ? J'avais pas vu ça comme ça moi. Pas du tout.

[...]

Et plus de moi.

Autre chose.

C'est ça...

Passer à autre chose...



 

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