vendredi 17 octobre 2014

Le club des 5 (...nostalgie...)

J'ai 15 ans à mon arrivée au lycée.
Mon acné récalcitrant est toujours bien présent.
Rapidement mes amitiés se lient dans une classe où, dans mon souvenir, une grosse majorité des élèves sont redoublants où ont déjà redoublés. Ils sont plus vieux d'un ou deux ans ceux que je me prends à considérer comme mes amis. Et à l'avantage d'un emploi du temps assez mal fichu avec pas mal de trous, à l'avantage d'un lycée plutôt permissif où heure de perm. voulait dire "restez là ou sortez, allez à la Maison Des Lycéens (MDL) où trainer dans le parc d'à côté, mais revenez à l'heure pour le prochain cours", à l'avantage d'amis qui flirtaient déjà avec la majorité quand je sortais à peine du collège et rêvais de liberté, les liens se sont faits sur les bancs du parc à fumer des trucs plus ou moins légaux ou devant le babyfoot du bar/bistrot à quelques centaines de mètres.
J'ai 15 ans, et je vis mes premières soirées, mes premières gueules de bois au whisky coca (dégeu), mes premiers gros mensonges parentaux ("oui oui je vais chez une amie" - quand en réalité je suis à l'autre bout de la ville). Ils ne sont pas dupes, oscillent entre l'envie de me faire confiance pour ne pas perdre le fil avec une ado (un peu) rebelle et la crainte de mes choix mal éclairés. Au delà de la confiance qu'ils me portent à peine, ils essayent surtout de faire confiance à ce qu'ils ont mis dans ma tête depuis 15 ans (chers parents, un jour peut être je vous raconterai tous ces moments de n'importe quoi autour de moi et vous rassurerai : pendant ces années là je n'ai rien fumé d'illégale, rien fumé tout court, ne suis jamais montée en voiture ou derrière un scoot sans être sure du minimum de sécurité, ...). L'année de seconde se termine en drame : une bonne partie de mes amis quittent le lycée vers un ailleurs moins scolaire et par ce qu'on est très amoureux quand on a cet âge là, je perds mon meilleur ami qui se doit de choisir entre moi... et Elle. Personne n'est dupe de mes sentiments à son égard, mais indépendamment de ça, c'est toute une dynamique de groupe qui s'effondre.

J'ai 16 ans à mon entrée en première. C'est l'année des premières fois. C'est l'année où je retrouve, aussi, 2 camarades qui étaient là en seconde, loin des histoires et des tumultes. Elles 2 + 2 autres. Elles sont déjà 4. Moi je suis là mais plus loin. Il faudra attendre encore un peu. D'autres histoires, d'autres micro drames, mon premier amour, celui dont on n'a aucune idée qu'un jour il va se briser. Pas qu'on ne le sait pas, mais on n'y pense même pas. Il n'aura pourtant pas fallut longtemps. A l'époque je traine avec des skateurs faussement rebelles aux cheveux longs ou avec du gel et les ES aux pieds, les pantalons sont larges, les miens aussi, j'écoute La rue kétanou et Tryo, je vais voir mon premier concert (Les Têtes Raides, à la Troc. et son son pourri). J'ai fait le choix de la filière ES malgré un niveau plus qu'honorable en scientifique : la physique m'ennuie, la chimie me demande d'apprendre (à moi qui ne suis finalement passée jusque là d'une classe à l'autre qu'en jouant sur mes facilités), et puis j'ai envie de comprendre "la société" dans laquelle je vis. Comprendre le Monde pour moi c'est comprendre le système, pas l'origine des cellules. Restent les maths qui me permettront l'année d'après de décrocher la mention grâce à un jeu de coefficients. Les maths vont bien avec mon besoin de trouver de la (une) logique. Ma prof de français, la même que l'année d'avant me fâche avec la littérature. Elle n'allume aucune flamme et m'étonne à expliquer les sens cachés d'auteurs qu'elle n'a jamais pu rencontrer pour en discuter avec eux. Ses certitudes m'interpellent : il y a autant de façon d'interpréter un texte qu'il n'y a de façons de les lire. Plutôt que de nous enseigner des grandes vérités, j'aimerais qu'on m'offre le sens critique, la possibilité de ME faire MON interprétation. J'aurai 12 au bac, pas à force de révisions, oh non !, mais sur le coup de bol immense d'être tombée sur le même texte à mon oral que lors du bac blanc où ma note était surement moins bonne avant que le corrigé ne me dise ce qu'il fallait dire.
C'était Montesquieu.
Le reste n'est pas resté.

La terminale, année de mes 18 ans, le BAC et la majorité. Elles étaient donc 4 avec moi en filière ES spécialité mathématiques en première. Nous en aurons perdu une qui a bifurquée vers une spécialité économie. Mais elle reste bien là aux poses, dans les couloirs du lycée, et ailleurs aussi du reste. Nous voilà donc 5. 5 blondes que je vous présentais déjà ici et à la naissance des 2 premiers p'tits bouts.
Depuis il en est arrivé 3 autres, dont 2 ces derniers jours. Nous étions 5 et nous sommes 5 de plus. Dans l'ordre décroissant et en essayant d'éviter d'écorcher les prénoms : Elina, Misha, Milann, Adélie, Manolo. 3 p'tites nanas, 2 p'tits mecs.

Le lycée me semble loin.
Et ce n'est pas plus mal.
J'ai depuis gagné un peu en confiance en moi (un peu). J'ai depuis sauter à pieds joints dans une indépendance rêvée à l'époque qui me renvoie parfois quelques claques dans la tête mais que je chérie chaque jour.
C'est sur.
Néanmoins, et sans que je ne souhaite le contrôler vraiment, je crois que je suis dans une phase de régression. Peut être parce que si je devais offrir un verre à tous les gens que j'ai connu avant mes 18 ans et qui ne sont pas : mariés - concubins (mot moche mais j'ai pas mieux) et / ou avec des gamins et / ou dans des projets d'achat de maison, ça me couterait pas bien cher.
J'me sens en décalage avec facebook pour me le rappeler régulièrement.
Depuis quelques jours, j'écoute la rue Kétanou en boucle (c'est comme le vélo, ça ne s'oublie pas).
Aujourd'hui, vendredi, pour la première fois (hors séjours à l'étranger) depuis des années je n'ai pas acheté le ELLE. J'ai envie de lire BIBA ou Cosmo, oui, mais rien de trop classe, de trop Femme, de trop Dame (faut dire aussi que le débarquement de Valérie Toranian il y a quelques semaines me laisse un peu un gout amer - mais le débat sur l'avenir de la presse n'a pas DU TOUT sa place ici et maintenant). 
J'ai aussi de furieuses envies de sécher le boulot, d'aller jouer au babyfoot au bistrot à côté...
Et puis de voir mes copines. Celles avec qui je n'ai finalement pas fait les 400 coups ou des fiestas jusqu'à des heures aberrantes. Mais celles qui sont (dans la relativité métaphysique des liens sentimentaux) depuis le plus longtemps.
Voir ma copine blonde qui il y a encore quelques années s'imaginait mal maman, jongler avec ses craintes et son amour incommensurable pour sa mini puce d'à peine plus d'une semaine. 
Voir la plus maternelle des blondes gérer l'arrivée toute récente d'un p'tit chou bousculant les habitudes de son ainée habituée à être seule objet d'attention de ses 2 parents
Voir et passer du vrai temps avec l'une d'entre nous qui parfois nous perd dans une vie qu'elle garde pour elle, et nous ne savons que le respecter. 
Voir enfin celle qui est restée la plus proche géographiquement de notre point de départ, et rire, avec elle, comme avec les autres d'ailleurs, comme si c'était juste l'intercours, sauf que maintenant quand on se voit c'est dans son salon, dans sa maison avec jardin, et le chat du voisin qui traine pas loin, avec sa patte en moins (dégueu).

Quand j'étais petite, venaient parfois à la maison des gens que mes parents semblaient très bien connaitre mais qui étaient de parfaits inconnus pour moi. A l'échelle de ma vie, je ne comprenais pas qu'on puisse entretenir des liens d'amitiés si on ne voyait jamais les gens. Et puis ce n'étaient pas des amis puisque les amis de mes parents, je les connaissais quand même pour les voir régulièrement !
Pour Elina, Misha, Milann, Adélie et Manolo je suis aujourd'hui cette étrangère qu'ils croise(ro)nt parfois. Je ne suis pas grand chose. Mais depuis 15 ans, au delà des histoires, des déménagements, des départs à l'étranger, pour les unes comme pour les autres, leurs mamans sont beaucoup.

xxx

PS: C'est pas toujours bien juste, parfois ça fait couac, mais c'est toujours positif, ça fait toujours du bien, et je n'ai jamais rencontré quelqu'un qui aimait la rue Kétanou et qui était un(e) gros(se) con(ne).
C'est pas compatible je pense.... (et du coup moi pareil !)

4 commentaires:

Rosa a dit…

Tu es aussi forte, je passe du sourire au rire puis aux larmes. Et voilà je pleure. Ton article est si touchant, il me parle, me fait sourire et m'attriste en même temps!

Merci à toi pour ce joli billet <3

Pour ma part, la musique serait plutôt Wriggles :D
Et sinon, j'ai écouté avec plaisir la chanson de la Rue Kétanou. Moi j'adore la Rue Kétanou qui chante avec les Ogres de Barback !

Unknown a dit…

rosa a partagé ton article que je lis et aussi les souvenirs me reviennent de mon époque lycée comme toi, de mon club des 5 à moi.
merci de ce doux moment

mlina a dit…

Article très sympa !
Signé : une amie eje de 2 blondes (rosa et elodie)

Tinhy a dit…

J'ai adoré cet article. Je devrais en faire un de ce genre aussi parce que ça fait du bien de regarder un petit peu derrière soit...

J'espère que tu vas bien sinon.
A bientôt.