dimanche 8 septembre 2013

LUI - j'ai passé une tête par une fenêtre déformée du monde masculin


Oui oui oui je l'avoue, à l'heure où ma génération regarde la TV sur son ordinateur, lit des bouquins sur des "liseuses", la presse sur "tablettes" et s'informe via l'instantanéité de twitter, mon canapé est toujours orienté vers la TV,  je trouve que les bouquins usés, utilisés, lus et relus sont peut être les objets les plus touchants du monde pour tout ce qu'ils représentent, et rien, pas même un abonnement qui viendrait déposer dans ma boite au lettre mes magazines favoris, ne pourrait supplanter le plaisir d'aller voir mon marchand de journaux pour feuilleter et choisir la presse (magazine tout particulièrement) qui va m'accompagner dans mon quotidien.
Phrase à rallonge pour dire que s'il reste quelques derniers défenseurs de la presse papier, j'en fais partie le point levé bien haut contre ces raz de marrées électroniques.
Oui oui oui je l'avoue je suis une grande curieuse. Alors hier lors de ma sortie au "Relay" de St Laz' (MON marchand de journaux revient le 16 de vacances), j'ai pris la décision d'ajouter LUI aux traditionnels BIBA, COSMOPOLITAN, BISOU et CAUSETTE (autre curiosité satisfaite, mais j'en parlais sûrement plus longuement un autre jour).

LUI, c'est la réédition d'un magazine publié entre 1963 et 1987, par Jean-Yves Le Fur (un mondain parisien) avec Frédéric Beigbeder comme directeur de la rédaction (autre mondain parisien particulièrement connu pour avoir raconté dans 99 francs à quel point le monde de la pub qui l'a fait naître en tant que mondain friqué, est une arnaque... et autre romans assez moyens avec des pseudo réflexions sur le couple par exemple). Je vais être très honnête avec vous, je ne suis pas vraiment objective dans tout ça : un magazine qui depuis sa création et toujours aujourd'hui cherche à se vouloir classe et luxueux, édité par des gens dans leur tour d'ivoire qui savent de la vie les soirées et restos parisiens ou des vacances les hôtels chicosses de l'Ile de Ré ou de Biarritz, ça m'ennuie (avec les yeux au ciel et l'air dépité qui va avec). Voilà. Mais LUI c'est quand même une référence dans son domaine.
Je suis loin de l'avoir lu "cover to cover" et plus proche du simple feuilletage.
Maintenant que l'introduction est posée, laissez moi vous faire part de mes GRANDES réflexions.

220 pages. L'Ours, le sommaire et l'Edito (point de départ du magazine) en page 14, 18, 22 et 27. LUI a bien vendu ce que l'on appelle un tunnel (succession de 10 à 15 pages de PUB). Rappelons tout de même que sans PUB, les media n'existent pas. Et ce ne sont pas les abonnements et achats au numéro qui vont payer le salaire de M. Beigbeder ou les frais d'éditions. L'édito nous confirme que le directeur de la rédaction prend ses vacances à Biarritz, que nous avons en main un magazine masculin qui croit que l'égalité Hommes-Femmes est acquise et qu'on est bien trop connes de vouloir avoir une vie professionnelle quand on pourrait se faire entretenir. L’ironie est pour moi un mode de vie, le cynisme une façon de communiquer que je pratique régulièrement, mais je pense que définitivement M. Beigbeder, je ne vous aime point. Passons donc à la suite, j'ai la conviction que vous vous entourez mieux que vous ne parlez ou n'écrivez.
De la pub encore beaucoup, même dans les pages qui n'en sont pas, elle est déguisée en une sélection de "produits du mois". La presse féminine fait la même, c'est de bonne guerre.
Page 54 on rentre dans le vif du sujet avec des articles d'opinion. Nous ne sommes pas dans le Vanity Fair qui déballe des enquêtes sur plusieurs pages : les interviews font une à deux pages maximum. Pas mal de rubriques sur des sujets divers et variés : un peu de politique, quelques portraits sur des gens (hommes ou femmes) qui en valent la peine (mon feuilletage ne me permet pas réellement de juger), un brin de culture (cinéma, musique, livres, art contemporain et photographie, TV), quelques news insolites venues du monde politique et culturel, deux enquêtes bien affichées en couverture (la cocaïne à Wall Street et Julien Assange le paria de Wikileaks), une ombre de mode et beauté (5 pages peut être, et encore...) et je suis pas sure, mais je crois, une page cuisine sur le cèpe (pourquoi pas?)
Rentrons dans le dur (sans jeu de mot), les pages de jeunes filles dénudées sont bien là : Léa Seydoux comme annonce la couverture, lève le voile au sein d'une interview (certes) et d'une série de 6/8 pages de photos pas mal dénudées, sans vulgarité, et il vrai que la jeune fille est jolie.
S'en suivent dans le dernier tiers du magazine 5 séries de photos successives, plus ou moins classe et dans lequel on voit 2 ou 3 fois apparaître subrepticement un garçon (oulala !).

Bon comme je vous le disais, je n'ai fait que feuilleter ce numéro 1 de LUI acheté hier et sortit il ya 3 jours. En dehors de l'édito que j'ai bien lu (L'Edito c'est l'essence d'un magazine... pour les vrais bons magazines), je n'ai pas franchement d'avis sur la qualité journalistique.
En revanche je m'interroge : pourquoi les magazines masculins ont besoin d'afficher des photos de filles dénudées ? Je dépasse là le cadre de LUI qui en a fait une partie de sa renommée, rien de choquant à reprendre ce brin d'ADN en héritage. Non, c'est par ce que, moi, femme et grande lectrice de presse féminine, je n'ai plus de photos de mec dans mes lectures depuis que je ne lis plus Salut! J'ai eu ma période ou je prenais plaisir à loucher (et même afficher dans ma chambre) les photos de Léo (DiCaprio) ou Brad (Pitt). Mais je n'ai plus 15 ans.  L'homme n'est-il donc qu'une adolescente / midinette comme les autre qui a besoin de fantasmer sur papier ? C'est jolie le corps d'une femme, je ne dirai pas le contraire. Mais où sont les hommes ?
Et puis ce besoin un peu pour rien, pour une fausse impertinence peut être, de mettre des titres ou des accroches jouant sur une fausse vulgarité. "Comment j'ai attrapé Najat Vallaud-Belkacem" ou "En amour comme en politique, la transparence suggestive est ainsi plus bandante que la nudité crue ou l'opacité pudibonde". Les moments cinéma sont là pour parler du film jeune & jolie (l'histoire d'une adolescente qui se prostitue) déjà en salle ou Le Loup de Wall Street (prochain film de Scorsese avec Léo - on y revient - sorti en décembre) pour aborder une scène de nu complet qu'il aurait osé. Les moments TV parlent des séries sur les "actrices de plus de 40 ans qui transcendent nos fantasmes". Comme des excuses pour aborder des sujet "olé olé"
Là encore, rien de choquant dans un magazine qui le revendique. Surtout que ça n'a, de toute façon, rien de choquant. C'est juste pas toujours très classe, comme une ou deux photos pas très jolies.

Ce qui m'ennuie plus c'est que le magazine LUI est désormais accompagné de la phrase "Lui, le magazine des hommes qui pensent à elle". Pourquoi pas. Mais elle a une image plus fantasmée que réelle. Et en ça messieurs qui vivez dans votre tour d'ivoire de mondains parisiens où les femmes sont sûrement toutes au delà du mètre 75 et en deçà des 55 kilos, vous vendez certes du rêve, mais ne vous cachez pas derrière l'excuse de penser à nous. Nous sommes ailleurs. Et la réalité des hommes aussi je pense.

xxx


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