dimanche 18 décembre 2011

Et la pantoufle, elle est de vair ou de verre ?


Pour mon anniversaire, mes chers amis, qui me connaissent bien, m'ont offert une place pour aller voir Cendrillon, le ballet, à l'opéra Bastille. Celle qui était en charge de l'achat des places ne s'est pas moquée de moi : 4è rang, légèrement sur la droite de la scène. Oh le joli cadeau !

Commençons par faire un point général sur ce ballet :
Le texte ci-dessous n'est pas de moi mais résume l'essentiel.

La création de Noureev (au Palais Garnier le 25 octobre 1986) est bien une adaptation du conte mais reste respectueuse du découpage de la partition et des intentions du compositeur Prokofiev (version de 1945).
Rudolf Noureev – avec la complicité du décorateur Petrika Ionesco – s’est amusé à transposer l’histoire de Cendrillon dans l’univers hollywoodien des années 30 : découverte par un producteur de cinéma, la modeste jeune fille, échappant à un père alcoolique et à une marâtre odieuse, fait ses débuts à l’écran, accrochant au passage le cœur de l’acteur-vedette.
Cette « mise en abîme » du ballet, les danseurs – à commencer par Noureev lui-même – ayant peu ou prou le même parcours que cette Cendrillon moderne, est aussi une formidable déclaration d’amour au cinéma et au spectacle, seuls capables de transfigurer les êtres, la danse, en particulier, parvenant à sublimer l’ordinaire.
Dans ses propres ballets, et même lorsqu’il emprunte à Petipa sujet et chorégraphie – tels qu’il les a reçus de la tradition du Kirov – Noureev infléchit le récit en l’enrichissant de résonances freudiennes. Ainsi retrouve-t-on dans Cendrillon plusieurs de ses thèmes de prédilection : le désir de s’évader de la dure réalité, le rêve initiatique, le réel qui rejoint l’imaginaire, l’art comme accomplissement du rêve devenu réalité.

Cette soirée nécessitait la place, l’espace et la somptuosité d'un décor à l'opéra Bastille. Et pour couronner le tout, des 3 danseuses qui se partagent la distribution du rôle titre, pour notre soir, c'était la première de Marie-Agnes Gillot. Cette danseuse étoile (nommée en 2004) est non seulement l'égérie de Repetto, mais aussi (surtout) l'une des (la?) star de l'opéra de Paris. Je ne l'avais jamais vu danser. C'est maintenant chose faite. Et ce fut un plaisir.

Ce ballet en 3 actes se pose là pour 2h45, mais reste complètement accessible. La transposition de l'histoire dans les années 30 permet de conjuguer le classique et le moderne (un moderne tout de même très classique en pointes et en-dehors) dans des costumes entre le tutu et les robes "Charleston". Pour la première fois des quelques ballets que j'ai pu voir, j'ai entendu des gens rires dans la salle, par ce que certains moments sont joués et drôles. Pour la première fois aussi j'ai été émue au point de sentir monter une larme. Pas que je n'ai jamais été émue avant, mais l'image finale, juste avant le tombé du rideau, m'a laissée une empreinte.
Le ballet était magnifiquement dansé et les danseurs... "grands" ! Pas qu'au sens figuré. J'ai tellement l'habitude de voir des ballets de tout là haut tout en haut, que ce 4ème rang m'a fait voir de près les corps, les muscles, les portés, les visages et expressions. Magnifiques. J'aurais pu regretter un manque de recul pour les mouvements d'ensemble, mais à 20 mètres de la scène, on se sent emporté comme jamais et ça compense largement.

Les amis, à cause de vous je ne sais pas bien comment je vais faire pour retourner avec les jeunes des rangs supérieurs. J'ai pris l'occasion  (le cadeau) qui m'était tendue de découvrir ce ballet qui se place directement dans ma tête de liste, juste devant Casse-Noisette. 

2h45 de réelle et pure magie (ça existe). Alors je dis un grand merci !

La pantoufle elle, était de paillette.

xxx 

Une petite pensée toute personnelle pour finir : si le monde pouvait ressembler à un ballet... Alors les dames porteraient du tulle tous les jours et les hommes se baladeraient en petit collant, la galanterie serait religion et le respect des femmes incontesté, mais les rôles seraient facilement interchangeables et l'égalité un vrai principe. Si le monde pouvait ressembler à un ballet notre quotidien serait rythmé de philharmonie.

Aucun commentaire: