mardi 9 décembre 2014

Ploc Ploc

Dimanche matin, je lève péniblement mes paupières et me fais un réveil comme je les aime : je chope mon portable et branche de la musique toute douce. Parmi mes moments rituels préférés de la semaine, celui là, bien au chaud sous ma couette, le weekend, entre rêves et réveil à écouter des accords acoustiques via le son crado de mon portable est peut être le meilleur.
Dehors il ne fait pas très chaud.
Depuis hier, j'ai (pas vraiment moi en fait mais j'ai des amis formidables) réparé ma tringle à rideaux, elle ne bloque plus ma fenêtre, et pour savourer jusqu'au bout ce petit moment, elle est grande ouverte. J'ai le bout du nez au frais, et le corps bien au chaud.
Après un petit quart d'heure dans ce moment d'apesanteur (oh la moche tournure de phrase bien clichée qui rime), il est temps de démarrer ma journée. Je passe 3 orteils en dehors de la couette, je frissonne, je revêts ma tenue de coton tout doux, c'est dimanche.

Je ferme la fenêtre et vais, comme n'importe quel être humain qui vient de se lever... Faire pipi. (I'm only human you know!). Je rêvasse, attrape éventuellement une lime à ongles qui traîne.
Ploc.
Tiens, c'est marrant ce bruit.
Je finis de limer mon pouce...
Ploc.
Hum, on dirait une goutte d'eau.
Qui tombe sur un truc creux.
Je me concentre, j'écoute.
Ploc.
Ça vient de la gauche ?
Ploc.
Non, de la droite.
Sous l'évier ?
Ploc.
Non plus.
Silence...
Ploc.
A non, ça vient de la juste à coté, le robinet de la chasse d'eau !
Ploc (de validation).
Bon, c'est pas fou, je chope une serpillière (et lève mes fesses de là où j'étais assise mais je ne vais pas TOUT raconter non plus). Je glisse la serpillière là où ça fait ploc ploc. En règle générale ça suffit pour arranger les choses (faire un truc pour nettoyer vite fait et faire comme si ça n'allait plus se reproduire).

Le soir, négligemment, je reviens sur le lieu du crime pour attraper ma brosse à dents quand je réalise que la serpillière flotte sur une flaque.
Bien ! Ça ne s'arrange pas en fait...
Il est 22h30, j'hésite à aller frapper à la porte de mes voisins pour éventuellement voir si ils auraient une idée de ce que je peux faire... Je suis en pilou pilou avec Tom & Jerry dessus. Pas trop envie d'aller saouler mes voisins là... Je mets un verre sous le ploc et réalise assez vite que ça ne va pas suffire. Tant bien que mal je réussis a caler le récipient le plus grand que je peux trouver et qui rentre en largeur. J'estime à environ 4h le temps de remplissage du petit seau.

La seule vanne d'arrivée d'eau que je connais est sur le palier et je pense qu'elle coupe l'eau de tout l'immeuble. Je ne suis donc pas bien sure que ça soit une super idée.

J'ajoute un autre saladier en dessous pour me garantir quelques minutes en plus de tranquillité, ça devrait bien le faire.
Je finis par me coucher.
Je finis par m'endormir.

2h30 du matin, dans un demi sommeil je rêve que je vais vérifier le niveau d'eau dans ma salle de bain et me vois rassurée "ça ne coule presque plus !". Je finis par me réveiller complètement et malgré mon sentiment de sérénité je me dis qu'il vaut peut être mieux aller vérifier dans la vraie vie (In Real Life, comme on dit dans le milieu des URL). J'ai les yeux un peu en vrac et laissé mes lunettes de myopes à côté de mon bouquin (bon OK, Cosmo...), d'un rapide coup d’œil je me dis que tout va bien. Par acquis de conscience je me rapproche quand même pour valider le niveau de l'eau. Ah oui mais non. C'est plein et tout tombe à côté en fait.
Je revois mes estimations : 2h... J'ai deux heures devant moi... 3 grand max et avec un peu de chance.
Et là je m'interroge (on se remet : moi, mon pyjama pilou, pieds nus, 2h30 du matin, devant ma chasse d'eau et donc ma cuvette de toilette) : mais d'où vient cette flotte (bordel de $%#@) ???

Parce que si je n'ai pas coupé l'eau de l'appart, j'ai quand même coupé le robinet d'alimentation de la chasse d'eau. Il n'y a donc plus d'appel. Et la fuite se situe au niveau de l'écrou (oui, ça j'ai bien identifié) donc clairement tout en haut du tuyau. Non sérieusement, toutes les lois de la gravité sont défiées !!
Je suis une buse en plomberie donc si quelqu'un peu m'expliquer, je suis preneuse !

Quoi qu'il en soit ... Il me reste moins de 6h de dodo avant de démarrer mon lundi et j'anticipe déjà de devoir me lever 2 fois. D'un coup j'ai l'impression d'être une femme qui a récemment accouché et doit s'occuper d'un truc en couches. L'enfer sur terre pour moi c'est peut être essentiellement de fractionner mes nuits. Mais ne voulant pas transformer l'incident en dégât grave incluant les voisins, je me soumets aux dures lois de l'incontinence de mes toilettes (douce ironie).
Par deux fois je me lève donc et vide, religieusement, cette eau qui coule, dans le réservoir de ma chasse d'eau pour minimiser le gaspillage. Ô! sainte eau bénite de la chasse d'eau qui fuit, tu es en train de m'achever.
8h le réveil sonne (horaires de parisienne). Non seulement je ne vais pas faire l'aller retour avec le boulot toutes les 3h mais qui plus est là je suis KO. Donc j'attends 9h30 (et un nouveau vidage de seau au passage) pour appeler l'agence qui gère mon appart et les laisser me trouver un plombier que j'attendrai sagement. Entre temps je m'enroule à nouveau dans ma couette. Je l'aime d'amour cette duveteuse en plume de canard !

Je me décide à me lever pour faire acte de télé-présence au boulot, m'agacer devant certains emails, essayer de remettre mon cerveau (tout KO) en ordre de marche. C'est lundi matin. Finalement là-bas ou dans mon salon, c'est pareil. Sauf pour la tenue. Je suis toujours en pilou Tom & Jerry quand le plombier me rappelle. Il sera là vers 11h30. Le temps d'une douche j'ai les cheveux encore humides quand il sonne. Alors on dégage un peu le passage. Je lui montre la vanne pour couper l'eau que je connais.
C'est le gaz.
OK... Donc j'ai bien fait de pas tourner le robinet alors hein !
Non en revanche sous le robinet de ma cuisine, là se trouvait la clé du bonheur de ma nuit.
Aaaaaaah ! (illumination dans le regard)
En 5 minutes le robinet est changé et ses joints avec. "Voilà mademoiselle !"
- Mais donc là ça se passe comment, vous faites un retour à mon agence ?
(regard de sympathie du plombier :)
- Bah ça normalement c'est à la charge du locataire, mais bon, je vais dire que ça vient d'ailleurs, des toilettes, comme ça c'est bon (il ramasse ses affaires). C'est mieux, on va s'arranger comme ça. Ça sera pour votre propriétaire...
- Ah bah c'est gentil hein. Merci !
(Parfois, être en jupette courte et les cheveux humides, n'en déplaise à mon côté féministe, ça peut aider...)
- Sinon ça vous coûterait 94 euros !
La magie des effets permettent
de faire des photos "artistiques",
même avec des robinets de chasse d'eau...
- 94 euros pour changer un joint !?
- Bah y a pas que ça. Le déplacement, et puis à Paris on ne trouve plus de place pour se garer. Et ne vous plaignez pas, en 2020 ça sera pire !
- Pire ?
- Bah oui ils veulent interdire les voitures au diesel !! Non mais franchement c'est N'IMPORTE QUOI cette politique pour les riches là ! J'vous le dis moi.
(Il est déjà dans l'escalier sur le départ. Il est temps pour moi de stopper la conversation. J'ai pu faire taire la féministe en moi (pour le prix d'une paire de chaussure, no less), mais l'écolo, ça va devenir compliqué - féministe ET écolo, oui c'est un peu le gros lot ma bonne dame).
- Merci encore ! Au revoir !

Vous serez ravis de savoir qu'a 22h ce lundi soir mon sol est sec et tout va bien du côté de ma chasse d'eau.
Je m'apprête à passer une nuit... AU TOP !

xxx

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