mercredi 8 août 2012

Lettre à Daniel

Monsieur Pennac, avec tout le respect que je mets derrière ce titre.
Au lycée un ami m'avait prêté "Au bonheur des ogres", puis "La Fée Carabine" et pour mon plus grand plaisir je commençais ainsi  à dévorer les histoires de la famille Malaussène. 6 titres écrits entre 85 et 99 dans un Paris que je connais bien. Entre le Père Lachaise et la Goutte d'Or avec Belleville pour épicentre. Aurais je imaginé à 16 ans, dans ma banlieue nantaise, quand je luttais contre le sommeil pour avancer encore un peu dans l'histoire, que ce Paris serait le Paris qui m’adopterait?
Vous faites parti des rares écrivains dont les livres m'émeuvent autant qu'ils me font sourires et rires même parfois. Les mots justes et la tournure de phrase pour enrober le tout. Comme pour Anna Gavalda, mais à votre manière, vous lire me rend souvent triste de savoir que jamais je ne pourrai atteindre votre justesse de mots. Vous écrivez des histoires que j'adorerais pouvoir écrire.

Il ya peu vous avez publié Journal d'un corps (2012). L'histoire d'un homme au travers des émotions de son corps. De l'adolescence à la fin de vie. Encore une fois vous m'avez touché en évoquant cet homme cultivé, qui cache derrière sa trop bonne éducation une passion et un amour du monde et des gens du monde. Et vous m'avez donné envie de vous parcourir de nouveau.

Alors 13 ans plus tard je dévore pour la deuxième fois la saga Malaussène. 13 ans plus tard je reproche à mon sommeil d'arriver trop tôt, encore une fois.
Je relis avec joie votre définition de "Celui qui, s'il existe, prouve que le fumier est bien, comme on s'en doutait, à l’origine du monde, et qui, s'il n'existe pas, Innocence donc, est plus utile encore, Bouc comme moi, Bouc Émissaire, à l'origine de rien mais responsable de tout.", votre ironie ("Elle s'est tuée pour lui dire tout son mépris filial. Les jeunes gens cultivés font ça, depuis que la psychanalyse a inventé le papa" ou encore "Mais d'où tiens-tu, ma Clarinette que les malheurs prévus sont plus supportables que les autres ?") (La Fée Carabine).
Dans La Petite Marchande de prose vous me rappelez que "l'amour ne fait pas de brouillon [...] c'est chaque fois au propre directement." ou encore que certaines personnes ne quittent jamais les réflexes vocabulairiens de leur enfance : qui d'entre nous utilise encore souvent les termes "toujours" ou "jamais"?
J'en suis là, à cette petite marchande de prose qui me tient plus alerte qu'un roman policier de haute voltige.

Avec tous le respect que je vous dois, je vous remercie Monsieur Pennac pour la perspective des 3 prochains romans de la saga, et vos autres œuvres que je me garde pour la suite.

xxx

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